Le tapis du ciel est d’un gris de vieilles cendres, et les nuages défilent comme des syllabes noires,

Haïku d’encre de chine tracé sur du papier de mauvaise qualité...

Ce soir, je suis devant cette page vierge, qu’il me faut remplir.
Encore.
Mais pourquoi déjà ?
Pourquoi me le faut-il à tout prix ?

Peut-être parce que j’espère qu’un jour quelqu’un me lira et pensera à moi,
Peut-être parce que j’imagine qu’un jour quelqu’un me comprendra et viendra à moi.
Peut-être pour exister,
Peut-être pour me faire passer le temps,
Peut-être parce que je ne sais rien faire d’autre.
Je ne sais pas.
Je ne sais plus.
Alors j’écris.

Coucher sur le papier des idées, et tracer ces courbes et ces lignes,
Plaisir suave et sensuel de sentir la plume glisser encore et encore sur le grain blanc.
Plaisir solitaire à défaut de partager ces instants avec l’être aimé.

Elle a voulu quitter ma vie... sans même y être entrée.
Je n’ai rien perdu puisque je n’ai rien eu.
Elle a préféré dissocier plutôt que partager.
Il paraît que c’est mieux pour elle et aussi pour moi.
Il paraît que c’est pour notre bien.
Bien sûr, sinon, pourquoi le ferions-nous ?

Et pourtant, parfois il faudrait savoir sortir de ces ornières,
Il faudrait accepter la part du rêve, s’accepter tout simplement.
Il faudrait accepter de se rencontrer, dans tous les sens du terme.
Se rencontrer, la rencontrer, me rencontrer.
Je suis, non j’étais, à la fois impatient et terrorisé,
Terrorisé de la découvrir et de me découvrir.
De me montrer comme je suis, tout nu, sans aucune façade,
Sans pouvoir me réfugier derrière des jolis mots ou des phrases alambiquées.

Peut-être a-t-elle eu peur aussi.
Peut-être était-elle terrorisée de se dévoiler.
Peut-être n’était-elle pas prête.

Je croyais savoir ce que je devais faire,
Mais pas vraiment comment le faire.
Cela ne paraissait pas trop compliqué,
Je, Tu, Nous... quelle exceptionnelle banalité.

L’espoir qu’un jour cette feuille blanche
me permettra de raconter notre belle histoire,
saigne mon cœur et mon âme, dans l’indifférence de
cet être aimé, qui ignore encore que c’est la vie de tous
les jours, qui est la plus exaltante et la moins indifférente.

Quand on veut bien l’accepter.

P.-S.

Même si ce soir mes pensées ne sont pas toujours aussi claires que je l’aimerais, cette confusion de mots, cette prose désabusée,
Je la jette ici, comme je pourrais jeter un cri sourd, inaudible dans l’immensité de l’humanité.