L’Epiphanie est séparée de Noël par 12 jours qui s’appelaient autrefois les « 12 petits mois » ou les « 12 jours ».
Ils représentent le temps nécessaire pour la maturation du soleil...

Le mot signifie « manifestation » en grec.

C’est, pour les chrétiens, la fête qui honore Jésus comme enfant-Dieu.

On commémore aussi l’adoration des Rois mages qui sont, selon la tradition, venus à Bethléem guidés par une étoile.

Au sens Grec, ce sont des astrologues ou des magiciens orientaux.
Ils apportent de l’or, de l’encens et de la myrrhe (résine odorante).
Ces présents représentent :

  • or : présent des rois
  • encens : présent des dieux et des prêtres, fait fuir les fantômes et les mauvais esprits
  • myrrhe : sert à l’embaumement et donc permet de renaître

Gaspar, Melchior et Balthazar sont les noms qu’on leur a donné au Xe siècle.
Plus tard, on a considéré qu’ils représentaient les trois continents.

De tout temps, et bien avant le christianisme, ces 12 jours étaient symbole de bouleversement, de passage. C’est le temps nécessaire à la transformation.

Le 6 janvier était la fête de Bacchus, de Dionysos, d’Osiris, ... c’est-à-dire les dieux du renouveau de la Nature.

Aujourd’hui cette fête est symbolisée par la galette des rois partagée en famille et avec des amis.
Et comme beaucoup d’autres fêtes c’est devenu plus une opération de marketing, au détriment de la simple joie de se retrouver autour d’un gateau, ma foi, fort sympathique...

Et les fèves ?

C’est aussi par une fève que les anciens Romains, au moment des Saturnales, élisaient le roi des agapes.
On ne sait si c’est là l’origine de cette coutume de « tirer les rois », qui - grâce à l’action efficace des pâtissiers - connaît aujourd’hui un regain de faveur.

La formation de la légende et de l’iconographie

Dans l’imaginaire chrétien, les Mages ont longtemps continué leur chemin mystérieux, et il fallut plus de huit siècles pour que la légende fixe leur nombre, leurs noms et leurs fonctions :

  • Au cours des premiers siècles, les représentations les présentent généralement portant le vêtement habituel des Perses, sans aucun insigne royal, et en nombre variable, de deux à huit.
  • Avant Césaire d’Arles (470, -543), on ne les considère pas comme des rois mais comme des sages qui scrutaient les secrets du ciel. Peut-être le nombre trois - précisé par Origène, puis par Maxime de Turin et Léon le Grand - vient-il des trois présents qu’ils offrirent à l’enfant Jésus.
  • Parmi les écrivains chrétiens de l’Antiquité, les uns situent le pays d’origine des Mages en Arabie, d’autres en Perse, d’autres en Chaldée.
  • À cette époque, on ne les nomme pas.
  • Leur venue à Jérusalem est placée à des dates variées, au cours des deux premières années après la naissance de Jésus.
    On détaille volontiers la signification symbolique de leurs dons : la myrrhe fait allusion au sacerdoce ou à la mort, l’or à la royauté, l’encens à la divinité.
  • Tant en Orient qu’en Occident, les légendes fleurissent, dès le VIe siècle, reprenant souvent des éléments des légendaires locaux.
  • En Orient, le Livre de la caverne des trésors (VIe siècle) raconte que les Mages allèrent chercher l’or, l’encens et la myrrhe qu’Adam et Ève avaient placés dans une caverne pour le jour où se lèverait l’étoile annonciatrice.
    Avant de partir pour Bethléem, ils auraient été baptisés par l’apôtre Thomas, qu’ils aidèrent à évangéliser leur pays.
  • La chronique syrienne de Zuquin (VIIIe siècle) présente une légende similaire.
    Une autre, de provenance arménienne, les nomme, précise qu’ils étaient frères et qu’ils représentaient trois peuples : Melgon, la Perse ; Baltassar, l’Inde, et Gaspar, l’Arabie.
  • En Occident, selon « l’Opus imperfectum in Matthaeum » (VIe siècle), ila auraient été au nombre de douze et auraient mis deux ans à parvenir à Jérusalem.
  • À partir du IXe siècle (Liber pontificalis de Ravenne), leur nombre, trois, et leurs noms sont fixés, et ils symbolisent les trois races de l’humanité alors connue :
    o Melchior est un descendant de Cham l’Africain
    o Balthasar de Sem l’Asiatique
    o Gaspard de Japhet l’Européen

Selon les légendes, on trouve cependant des différences dans leurs habits, leurs pays d’origine et les nations ou les groupes d’humains qu’ils représentent : ce sera parfois les trois âges de la vie, vieillesse, âge mûr et jeunesse.
L’art chrétien, au fil des siècles, porte témoignage de ces innombrables variantes.

Les Rois et la fête de l’Épiphanie

La fête liturgique de l’Épiphanie (dont la date a d’ailleurs été récemment modifiée : 1er dimanche de janvier, et non le 6 janvier) s’est depuis longtemps prolongée, voire confondue, avec la fête familiale des Rois.

Le 6 juin 1795, la Convention, qui avait soulevé la question de remplacer la galette des rois par une « galette de l’Égalité », dut y renoncer devant la vigueur des protestations.
Dans la plupart des régions de France, c’est en effet devenu l’occasion de partager traditionnellement la galette fourrée d’une fève qui désigne le roi ou la reine de la fête ; celui qui l’a trouvée choisit sa reine (ou la reine, son roi ) et boit aux acclamations : “le roi boit !”.

P.-S.

En Provence, en Espagne, au Portugal, le même rite s’accomplit autour d’une brioche ornée de fruits confits...