De l’art de faire vos propres tisanes ...

Eté comme hiver (surtout hiver !), rien de tel qu’une bonne tisane maison pour bien finir un repas, ou se relaxer avant d’aller se coucher, ou encore soigner un petit coup de froid ou un petit coup de fatigue.

Une fois que vous y aurez goûté, finies les infusions en sachet !

Plantes fraîches ou plantes séchées ?

Fraîches de préférence.
Mais les plantes sèches sont tout aussi efficaces.

Comment faire sécher vos herbes ?

En les disposant bien à plat sur un linge, dans un endroit sec et aéré.

Conseils :

  • Attendez que les plantes soient complètement sèches avant de les ranger, sinon elles risquent de moisir.
  • Conservez les dans un bocal ou une boîte hermétique (évitez les sacs en plastiques).
  • Une fois séchées, les plantes conservent leurs propriétés pendant un an. Inutile de les conservez plus longtemps.

Infusion ou décoction ?

L’infusion consiste à verser de l’eau bouillante sur les plantes, puis à laisser infuser pendant 10 à 15 minutes.

La décoction consiste à mettre les plantes dans l’eau froide puis à faire bouillir pendant plus ou moins longtemps.

Conseils

  • Quelque soit la méthode utilisée, pensez à coupez vos plantes en quelques morceaux : les principes actifs seront mieux extraits dans l’eau.
  • Sucrez de préférence vos préparations avec du miel : il renforce la saveur et les principes actifs des plantes, et en plus c’est un antiseptique naturel.
  • Consommez vos préparations au jour le jour (après 24 heures, elles risquent de modifier leur structure et de « tourner »).
  • Si vous ne disposez pas de suffisament de plantes dans votre placard, vous pouvez allègrement mélanger plantes fraîches, plantes séchées et « plantes en sachets ».

Dosage

Environ 10 grammes de chaque plante pour un litre d’eau, pour un mélande de 3 à 4 plantes, sauf indications spécifiques.
Certaines plantes peuvent être consommées à forte dose (la bourrache par exemple), alors que d’autres peuvent causer des effets indésirables à forte dose et sont à utiliser avec parcimonie (la sauge par exemple).

Conseils :

  • 5 feuilles ou une branche de chaque plante pour 2 à 3 grandes tasses (environ un demi litre d’eau)
  • Pour une préparation avec une seule plante, comptez une cuillère à soupe de plante par tasse

Quelles plantes ?

Ci-dessous une liste non exhaustive des plantes les plus communément utilisées, qui sont aussi les plus faciles à se procurer, avec leurs principales propriétés. Vous pourrez ainsi composer vos tisanes au gré de vos humeurs ou de vos petits tracas.

Basilic (feuilles de) : calmant, antispasmodique, digestif, antiseptique.

  • La petite histoire : Originaire d’Inde, cette plante frileuse se plaît surtout dans le midi de la France, et ne vit que d’avril à octobre. Son odeur chasse les moustiques, d’où l’intérêt d’en avoir un plant sur son balcon. Utilisé autrefois par les Hébreux contre l’épilepsie, et par les Arabes contres les aphtes, il est encore utilisé par les sorciers d’Afrique Noire contre les migraines et certains rhumatismes.
  • Recommandé pour : migraines, insomnies, troubles de l’estomac, vertiges, angoisses.

Bourrache (feuilles et fleurs de) : adoucissante et rafaîchissante, dépurative, diurétique, sudorifique (qui fait transpirer).

  • La petite histoire : A récolter en juin et juillet, au beau milieu de sa floraison, la bourrache est également connue sous d’autres noms plus ordinaires, tels que « bourse à berger », « boursette », ou « langue de bœuf ». Le terme « bourrache » viendrait de l’arabe Abou-rach qui signifie « père de la sueur ». Vous pouvez l’utiliser à forte dose (100g / litre d’eau).
  • Recommandée pour : états fébriles, affections des bronches, grippe, rhumatismes, affections urinaires.

Camomille (boutons ou têtes de) : calmante, digestive (ou apéritive), antispasmodique et antalgique, antiseptique intestinal.

  • La petite histoire : Il existe deux sortes de camomille : la camomille allemande (ou « petite camomille ») et la camomille romaine (ou « grande camomille »). Elles ont des propriétés à peu près similaires, mais certains disent que la camomille allemande est plus agréable à boire ... Il faut cueilir si possible les fleurs en boutons, avant qu’elles ne s’épanouissent.
  • Recommandée pour : anorexie, digestion lente, ballonnements, irritation de la muqueuese intestinale, insuffisance hépatique, nervosité, migraine, douleurs prémenstruelles, douleurs rhumatismales, crampes.

Canelle (écorce de) : tonifiante et stimulante.

  • La petite histoire : Pourquoi croyez-vous que l’on met de la canelle dans le vin chaud ? Pour mieux résister à l’agression du froid et des microbes !
  • Recommandée pour : grippe, convalescence, manque d’appétit. Attention : éviter de mélanger avec la menthe.

Coquelicot (pétales de) : calmant et légèrement narcotique.

  • La petite histoire : Jusqu’au 16e siècle, le coquelicot se nommait « coquericot » en rapport au chant du coq, dont la crête avait la même couleur que les pétales du coquelicot. Le coquelicot est le cousin germain du pavot, dont on tire l’opium. Les pétales de coquelicot peuvent se ramasser de mai à septembre.
  • Recommandé pour : insomnies, bronchites, mais aussi en gargarimes en cas d’angine ou d’abcès dentaire.

Citron (jus de) : antiseptique, bactéricide, fournisseur de vitamine C, antirhumastimal, diurétique, astringent, antinévralgique, vermifuge, fébrifuge, tonique hépathique.

  • La petite histoire : Le citronnier est un arbre qui nous vient d’Iran. Le saviez-vous ? Le jus de citron est capable de tuer le bacille du choléra, de la diphtérie, et de la typhoïde. Utilisé sur les huîtres, il les débarasse en 15 minutes de 93% de leurs bactéries. L’empereur Néron, qui craignait d’être empoisonné, en consommait beaucoup.
  • Recommandé pour : sans modération : ajoutez quelques gouttes de citron à vos tisanes.

Mélisse (feuilles et fleurs de) : calmante, antispasmodique, antivomitive, tonique général.

  • La petite histoire : La mélisse est plus connus sous le nom de « citronnelle », ou également « citronne », « menthe au citron », « piment des abeilles », ou « thé de France ». Elle était déjà utilisée au 17 ème siècle par les médecins français pour lutter contre la dépression nerveuse.
  • Recommandée pour : migraines, migraines digestives, épilepsie, mélancolie, léthargie, nausées dues à la grossesse.

Menthe (feuilles de) : tonique du système nerveux, digestive, antidiarrhéique, antiseptique, antispamodique et antinévralgique, aphrodisiaque.

  • La petite histoire : Autrefois, la menthe alimenta une controverse entre Hippocrate et Aristote, et les Grecs : les premiers pensaient que la menthe était anaphrodisiaque et « contraire aux générations », alors que les Grecs pensaient qu’elle était aphrodisiaque, et interdisaient à leurs soldats d’en consommer tant « elle incitait à l’amour et diminuait le courage ». Les chercheurs ont donné raison aux Grecs ... Attention : il y a incompatibilité à mélanger la menthe avec la canelle, l’aloès, et toutes les substances comportant des résines en quantité importante.
  • Recommandée pour : paresse de l’estomac et/ou de l’intestin, ballonnements, nausées, malaises, vertiges, palpitations, hoquet, mauvaise haleine. Eviter d’en consommer le soir si vous voulez bien dormir ! Egalement en inhalations pour la toux et les bronchites.

Persil (feuilles de) : stimulant digestif et hépatique, stimulant de la circulation sanguine, diurétique,fournisseur de calcium, fer, et oligo-éléments.

  • La petite histoire : Le persil est originaire de Sardaigne. Plante riche en légendes, chez certains peuples, le persil était autrefois associé à la mort : il suffisait d’arracher un plant de persil en prononçant le nom de son ennemi pour s’en débarrasser.
  • Recommandé pour : règles douloureuses, problèmes de digestion ou de fonctionnement des reins, affections des voies urinaires.

Pissenlit (feuilles et racines de) : fournisseur de vitamine C, tonique, laxatif, dépuratif.

  • La petite histoire : Tout est bon dans le pissenlit ! Les feuilles se mangent en salade, les fleurs se consomment en infusions ou font une bonne base de confiture (confiture de pissenlit, avec du citron et de l’orange), les racines en décoction. A ramasser toute l’année.
  • Recommandé pour : congestion du foie, insufficance hépatique et/ou biliaire, constipation, diabète, cholestérol, rhumatismes, artériosclérose, troubles circulatoires, et ... cellulite.

Romarin (feuilles et tiges de) : tonique général, stimulant de la bile, de l’estomac, de la circulation sanguine, de la digestion.

  • La petite histoire : C’est la reine Donna Isabella de Hongrie qui nous a fait découvrir le romarin. Plante considérée comme miraculeuse, elle fut utilisée autrefois à titre préventif contre les épidémies de peste, ou pour guérir Louis XIV d’un rhumatisme. Le romarin entre dans la composition de produits paramédicaux comme le « baume du Tigre ».
  • Recommandé pour : convalescence, états fébriles, léthargie, paresse de l’estomac ou des reins. Cure revitalisante : 1 litre d’infusion de romarin par jour pendant quelques jours.

Sarriette (feuilles et tiges de) : digestive et tonique.

  • La petite histoire : La sarriette, aussi appelée « herbe de St Julien », « sadrée, » ou « poivre d’eau », est souvent confondue avec le thym : ses feuilles sont plus longues, mais son odeur est presque similaire. Elle peut être utilisée, comme aromate ou comme plante médicinale, à la place du thym.
  • Recommandée pour : convalescence, états fébriles, asthénie, diarrhées, digestion difficile, ballonnements, douleurs de l’estomac.

Sauge (feuilles de) : tonique digestif et tonique du système nerveux, astringente et antiseptique, fébrifuge, antisudoral, hypoglycémiante, aphrodisiaque.

  • La petite histoire : La sauge, aussi surnommée la « reine des plantes médicinales », tient son nom du latin salvare qui veut dire « sauver ». Les Druides Gaulois la tenaient pour une plante magique capable de guérir toutes les maladies. D’où le dicton : « Qui a de la sauge dans son jardin, n’a jamais besoin de médecin ».
  • Recommandée pour : asthénie et convalescence, états fébriles, manque d’appétit, nausées et digestions difficiles, dépression physique et/ou nerveuse, douleurs menstruelles ou bouffées de chaleur dues à la ménopause, ulcères, diabète.

Thym (feuilles et branches de) : antiseptique, tonique du système nerveux, antispasmodique, diurétique, astringent, stimulant digestif, respiratoire, et circulatoire.

  • La petite histoire : Appelé « férigoule » en Provençal, le thym serait né, selon la légende, des larmes de la belle Hélène de Troie. Il en existe plusieurs variétés, dont les plus connues sont : le thym commun (ou thym des jardins), le thym citronné ( ou « thym citronnelle », parfumé au citron), et le serpolet (thym sauvage, légèrement moins parfumé). C’est un antiseptique puissant. Récoltez de préférence au début de la floraison.
  • Recommandé pour : tout ! (fatigue physique et intellectuelle, angoisses, digestions difficiles, problèmes intestinaux, insuffisance rénale, faiblesse cardiaque, anémie, neurasténie, grippe, bronchite, insomnies, règles douloureuses, infections urinaires)

Tilleul (fleurs de) : calmant, rafraîchissant, antispasmodique, hypotenseur, fournisseur de vitamine C.

  • La petite histoire : Utilisé en médecine comme en sorcellerie, le tilleul était autrefois dédié à la déesse Vénus. Certaines personnes l’utilisent en lotion pour retarder l’apparation des rides ou pour faire disparaître les tâches de rousseur. Il se ramasse en juin, avant que ses fleurs ne tombent.
  • Recommandé pour : migraines, palpitations, vertiges, troubles digestifs d’origine nerveuse, anxiété, insomnies.

Verveine (feuilles de) : fébrifuge, sédatif antispasmodique, diurétique, antinévralgique, hypotenseur.

  • La petite histoire : « Guérit-tout », « herbe des sorciers », « herbe de tous les maux », « herbe aux enchantements », la verveine était surnommée par les Romains veneris vena : « veine de Vénus ». Il suffisait de se frotter les mains avec de la verveine, puis de serrer la main de la personne à reconquérir, pour que l’amour renaisse de ses cendres.
  • Recommandée pour : faiblesse générale, états fébriles, congestion de la rate, digestions difficiles, règles douloureuse, migraines. En gargarismes pour la mauvaise haleine, les inflammations des gencives, ou les maux de gorge.

Et les «  must  », voici quelques idées d’infusions :

La Tonique : romarin, thym, sauge, menthe.

La Relaxante : camomille, mélisse, sauge, verveine (ou tilleul).

La Digestive : menthe, sarriette (ou thym), verveine.

La « Spéciale Rhume » : bourrache, thym, romarin, canelle.

P.-S.

Sources : ma mère et ma grand-mère ; Le jardin des aromates, sur Actupromos.com ; Secrets d’une herboriste, de Marie-Antoinette MULOT (éditions du Club France Loisirs, 1984)